CO2 : Pourquoi adopter l’Analyse de Cycle de Vie dynamique.
L‘ACV (Analyse de Cycle de Vie ou LCA en anglais) permet de quantifier l’impact environnemental d’un produit, d’un projet ou d’une entreprise. L’ACV recense les flux physiques de matière et d’énergie, de la production à la fin de vie. Cet article se focalise sur l’empreinte carbone mais ce n’est qu’un seul des critères de la méthodologie.
La norme ISO 14040 considère que le CO2 séquestré est libéré en fin de vie et ne comptabilise pas ce flux. Cela ne reflète pas bien la réalité. En effet, pendant que le carbone est dans un produit, il ne contribue pas au réchauffement. Leafter promeut une approche dynamique de l’ACV. Celle-ci doit tenir compte de la distribution temporelle des émissions.
Quand on doit choisir un matériau, on peut être amené à de fausses conclusions si l’on se réfère à la norme actuelle. L’approche dynamique est une évolution naturelle du modèle statique qui en corrige un biais de mesure important.
L’ACV dynamique, tout comme son cousin statique, est une approche flexible. Elle peut être appliquée à tout type de produit ou de projet. Il suffit de tenir compte de manière cohérente et rigoureuse du calendrier de chaque émission de GES du cycle de vie.
Exemple d’analyse dynamique sur un panneau de fibres de chanvre
Voici un exemple pour comprendre. Ci-dessous le bilan d’émission de CO2 d’un panneau de fibre de chanvre au fil du temps. En X les années, en Y des KgCO2 / unité :
En orange : la norme ISO statique actuelle : le bilan carbone est positif (émetteur de CO2).
En gris : On tient compte de la séquestration, on peut constater que Le bilan ne devient positif qu’au bout d’environ 100 ans.
En bleu : On considère maintenant que 50% du produit est recyclé, de telle sorte que le carbone ne finisse pas dans l’atmosphère (il pourrait être réintégré dans le sol par exemple…). On peut alors constater que le bilan est largement négatif, y compris à longue échéance.
Pour les mathématiciens, l’empreinte réelle du carbone est l’intégrale de ces courbes sur le temps. Autrement dit : on fait la somme des la surface entre la courbe et le 0. Les valeurs sous 0 sont négativement comptées.
On voit bien que cette empreinte est dépendante de l’échelle de temps. A court terme et pour les courbes grises et bleu, on a un bilan négatif ! Voici ce que cela donne avec un horizon de séquestration de 50 ans applicable aux matériaux de construction.
“Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras !”
L’aspect cumulatif de l’impact d’une émission apparaît dès lors au grand jour : Pendant 50 ans, on aspire du CO2 de l’atmosphère qui ne sera qu’en partie libéré. Ce carbone retiré n’amplifie pas le réchauffement par radiation chaque année. C’est forcément mieux que l’alternative tout fossile qui émet définitivement tout son carbone dès la production.
Le principal intérêt est d’agir en priorité sur les émissions pour lesquelles nous avons une vision nette. Les hypothèses quant à la fin de vie des produits restent ouvertes. On ne sait pas comment seront recyclés les matériaux et dans quelles conditions dans 50 ou 100 ans.
En d’autres termes donnés très clairement par Guillaume Meunier sur ce billet : une philosophie dynamique nous permet d’augmenter notre budget climat.
Comme le disait La Fontaine dans Le petit poisson et le pêcheur : “Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras” ! Loin de reporter le problème aux générations suivantes, une stratégie dynamique permet d’assurer des réductions immédiates et de gagner du temps.
Pourquoi gagner du temps
On pourra développer les filières de recyclage ou permettre l’apparition d’une forme propre d’énergie comme la fusion.
Nous sommes dans une situation de point de bascule : certains seuils ne doivent pas être dépassés sous peine de conséquences catastrophiques. Gagner du temps permettrait donc d’éviter de justesse un scénario dramatique.
Même si la situation s’avérait désespérée, nous laisserions à nos enfants une situation moins catastrophique en favorisant les produits qui séquestrent le carbone. Chaque dixième de degré compte.
Il existe certainement plusieurs modèles permettant une analyse dynamique. Celui que nous avons trouvé le plus fonctionnel est celui du CIRAIG (Centre international de référence sur le cycle de vie des produits). Une feuille de calcul est mise à disposition permettant de manipuler le modèle et comprendre le fonctionnement.
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